C'est pour le revoir qu'elle est allée à cette fête. Il y a très peu de monde, des gens qu'elle ne connaît pas. La musique tonitruante et la chaleur figent la conversation. On lui propose un verre. Une drôle de mixture, aussi plombante que l'ambiance. Elle ne supporte plus ce CD qui tourne en boucle, et puis il fait vraiment trop chaud pour rester là. Il essaie de la retenir, mais y met si peu de conviction.
Où aller pour épuiser ce dimanche poisseux d'ennui, ce dégoût de fin d'été qui suinte dans les rues désertes? Elle s'engage sur la chaussée, voit la moto qui s'approche. Elle hésite un quart de seconde comme cherchant l'équilibre sur le fil de son égarement, s'élance… Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle est étendue par terre, incapable de faire un geste. Le motard s'est relevé d'un bond et l'aide à se remettre debout. Il a retiré son casque. En accéléré, ses lèvres se rejoignent, s'écartent, s'arrondissent, s'avancent, se pincent, s'étirent. Histoires sans paroles. Soudain éclate une déflagration de jurons, d'imprécations, d'exhortations. Bruit et fureur, qui s'interrompent brusquement. Il n'y a plus que deux yeux clairs qui la fixent, deux étendues bleues d''incompréhension, de colère et de peur mêlées. Elle articule ça va et reprend son chemin, mécaniquement, sous la lumière blafarde, où de rares silhouettes glissent en fondu enchaîné.
A une heure du matin, elle est embarquée par une ronde de police.
Un jour, le sage Zhuangzi s’endormit dans un jardin fleuri et fit un rêve. Il rêva qu’il était un très beau papillon. Le papillon vola çà et là, puis, il s’endormit à son tour. Il fit lui aussi un rêve. Il rêva qu’il était Zhuangzi. Lorsque Zhuangzi se réveilla, il ne savait plus s’il était le véritable Zhuangzi ou bien le Zhuangzi du rêve du papillon; si c’était lui qui avait rêvé du papillon ou le papillon qui avait rêvé de lui.
Ce fut la seule explication qu'elle put donner.
Photo YLD
Où aller pour épuiser ce dimanche poisseux d'ennui, ce dégoût de fin d'été qui suinte dans les rues désertes? Elle s'engage sur la chaussée, voit la moto qui s'approche. Elle hésite un quart de seconde comme cherchant l'équilibre sur le fil de son égarement, s'élance… Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle est étendue par terre, incapable de faire un geste. Le motard s'est relevé d'un bond et l'aide à se remettre debout. Il a retiré son casque. En accéléré, ses lèvres se rejoignent, s'écartent, s'arrondissent, s'avancent, se pincent, s'étirent. Histoires sans paroles. Soudain éclate une déflagration de jurons, d'imprécations, d'exhortations. Bruit et fureur, qui s'interrompent brusquement. Il n'y a plus que deux yeux clairs qui la fixent, deux étendues bleues d''incompréhension, de colère et de peur mêlées. Elle articule ça va et reprend son chemin, mécaniquement, sous la lumière blafarde, où de rares silhouettes glissent en fondu enchaîné.
A une heure du matin, elle est embarquée par une ronde de police.
Un jour, le sage Zhuangzi s’endormit dans un jardin fleuri et fit un rêve. Il rêva qu’il était un très beau papillon. Le papillon vola çà et là, puis, il s’endormit à son tour. Il fit lui aussi un rêve. Il rêva qu’il était Zhuangzi. Lorsque Zhuangzi se réveilla, il ne savait plus s’il était le véritable Zhuangzi ou bien le Zhuangzi du rêve du papillon; si c’était lui qui avait rêvé du papillon ou le papillon qui avait rêvé de lui.
Ce fut la seule explication qu'elle put donner.
Photo YLD