Le lycée proposait deux voyages de fin d'année: Rome ou Barcelone. Barcelone, avait décrété Adrien, sans l'ombre d'une hésitation. Il s'était finalement inscrit au séjour à Rome, parce que Samantha y allait.
Depuis le matin, ils arpentaient les rues de la capitale italienne à marche forcée. Sous la conduite de M. Moneau, le professeur d'arts plastiques. Après le Colisée, le forum, les thermes de Caracalla, ils venaient d'explorer le musée du Capitole. Samantha était aux anges, M Moneau était passionnant, si intelligent et tellement cultivé. Adrien avait bien essayé de lui faire comprendre qu'il était là pour elle, rien que pour elle, mais ses plaisanteries, ses compliments avaient été ensevelis sous les monceaux de commentaires pompeux de M. Moneau. Puisqu'ils avaient, enfin, droit à une pause, Adrien entendait bien mettre ce moment de répit à profit pour reprendre l'avantage. Il allait offrir une glace à Samantha et lui dire combien il… C'était compter sans la perfidie de M. Moneau, qui suggéra que chacun fasse une esquisse de l'œuvre du Capitole qui l'avait le plus touché.
Elle sortait de la mairie. Grande, mince, sa chevelure flamboyante, de ce blond qu'on appelle vénitien, cascadait sur ses épaules nues. Sa peau dorée, satinée, scintillait sous sa robe vert émeraude. La mousseline livrait par transparence le délinéament de ses longues jambes fuselées. Chaussée d'escarpins argentés, elle papillonnait au milieu des autres invités de la noce, virevoltait, libellule dans sa goutte de lumière. Ivre de volupté, Adrien s'abandonnait dans ses bras, s'égarait dans l'onctuosité de sa nuque, sombrait dans la cambrure de ses reins. Elle fit un signe à un homme qui s'avançait à sa rencontre. En passant devant Adrien, elle marcha sans y prêter attention sur le dessin qu'il avait posé par terre; le griffant de l'aiguille de son talon, elle infligea une douloureuse et délicieuse blessure à la poitrine du Gaulois mourant.
Photo: '50, éditions de La Martinière
Depuis le matin, ils arpentaient les rues de la capitale italienne à marche forcée. Sous la conduite de M. Moneau, le professeur d'arts plastiques. Après le Colisée, le forum, les thermes de Caracalla, ils venaient d'explorer le musée du Capitole. Samantha était aux anges, M Moneau était passionnant, si intelligent et tellement cultivé. Adrien avait bien essayé de lui faire comprendre qu'il était là pour elle, rien que pour elle, mais ses plaisanteries, ses compliments avaient été ensevelis sous les monceaux de commentaires pompeux de M. Moneau. Puisqu'ils avaient, enfin, droit à une pause, Adrien entendait bien mettre ce moment de répit à profit pour reprendre l'avantage. Il allait offrir une glace à Samantha et lui dire combien il… C'était compter sans la perfidie de M. Moneau, qui suggéra que chacun fasse une esquisse de l'œuvre du Capitole qui l'avait le plus touché.
Elle sortait de la mairie. Grande, mince, sa chevelure flamboyante, de ce blond qu'on appelle vénitien, cascadait sur ses épaules nues. Sa peau dorée, satinée, scintillait sous sa robe vert émeraude. La mousseline livrait par transparence le délinéament de ses longues jambes fuselées. Chaussée d'escarpins argentés, elle papillonnait au milieu des autres invités de la noce, virevoltait, libellule dans sa goutte de lumière. Ivre de volupté, Adrien s'abandonnait dans ses bras, s'égarait dans l'onctuosité de sa nuque, sombrait dans la cambrure de ses reins. Elle fit un signe à un homme qui s'avançait à sa rencontre. En passant devant Adrien, elle marcha sans y prêter attention sur le dessin qu'il avait posé par terre; le griffant de l'aiguille de son talon, elle infligea une douloureuse et délicieuse blessure à la poitrine du Gaulois mourant.
Photo: '50, éditions de La Martinière