Des flots de soleil coulent par les fenêtres grandes ouvertes. Calée dans un fauteuil, je lézarde en feuilletant distraitement un magazine. Une matinée de farniente au délicieux avant-goût de vacances. Soudain, la désagréable impression d'être observée me tire de ma rêverie. Je lève la tête, il est campé sur la table du salon. Je frappe dans mes mains pensant l'effrayer. Rien. Le temps d'aller chercher un torchon dans la cuisine pour tenter de le faire déguerpir deux de ses congénères ont colonisé la bibliothèque. Tandis que je m'agite, les menace de mon torchon, un quatrième individu, piquant en rase-mottes au-dessus ma tête, prend possession du canapé. Une offensive par-ci, une charge par-là, une course-poursuite s'engage dans la pièce. Allez ouste, tout le monde dehors! Où se croient-ils ces pigeons, sur la place Saint-Marc?
Je tire le rideau, certaine d'éviter ainsi une nouvelle invasion, puis m'installe à mon ordi. Ces bestioles m'ont enlevé l'envie de flemmarder. Tout d'un coup, derrière moi, un léger froissement me fait tressaillir. Oh la la, du calme, ma fille, tu vires parano! Comme pour mieux me convaincre que tout est parfaitement normal, je me retourne brusquement: imperturbable, l'intrus –celui qui doit être le meneur– se dandine sur le bras du fauteuil que j'occupais lors de la première incursion. De la provocation, qu'à cela ne tienne. Je prends ma respiration et pousse un long cri aigu, une stridulation à vous glacer les sangs. Il n'a pas bougé d'un millimètre. Il me défie, insolent, pas même rebelle, aucune conscience politique ces volatiles! Ou alors… Se pourrait-il que Mrs Bundy se soit trompée? Et si les quelque 10 000 espèces d'oiseaux qui existent dans le monde s'étaient liguées contre l'humanité, avaient entrepris de se venger des hommes, de les anéantir? L'ornithologue en convenait elle même: «Si cela arrivait, nous n'aurions aucune chance!» Je dois réagir vite. Je me saisis d'un tome de l'Encyclopaedia universalis –c'est la seule chose que j'aie à portée de main– et le brandit, menaçante. Prenant son envol, l'ennemi me raille d'un roucoulement sardonique et, résolu, se poste sur la balustrade du voisin. Victoire, le poids de la connaissance a fait reculer la barbarie! A moins que… Comment dit-on? Se monter un film…
Photo FLD
Je tire le rideau, certaine d'éviter ainsi une nouvelle invasion, puis m'installe à mon ordi. Ces bestioles m'ont enlevé l'envie de flemmarder. Tout d'un coup, derrière moi, un léger froissement me fait tressaillir. Oh la la, du calme, ma fille, tu vires parano! Comme pour mieux me convaincre que tout est parfaitement normal, je me retourne brusquement: imperturbable, l'intrus –celui qui doit être le meneur– se dandine sur le bras du fauteuil que j'occupais lors de la première incursion. De la provocation, qu'à cela ne tienne. Je prends ma respiration et pousse un long cri aigu, une stridulation à vous glacer les sangs. Il n'a pas bougé d'un millimètre. Il me défie, insolent, pas même rebelle, aucune conscience politique ces volatiles! Ou alors… Se pourrait-il que Mrs Bundy se soit trompée? Et si les quelque 10 000 espèces d'oiseaux qui existent dans le monde s'étaient liguées contre l'humanité, avaient entrepris de se venger des hommes, de les anéantir? L'ornithologue en convenait elle même: «Si cela arrivait, nous n'aurions aucune chance!» Je dois réagir vite. Je me saisis d'un tome de l'Encyclopaedia universalis –c'est la seule chose que j'aie à portée de main– et le brandit, menaçante. Prenant son envol, l'ennemi me raille d'un roucoulement sardonique et, résolu, se poste sur la balustrade du voisin. Victoire, le poids de la connaissance a fait reculer la barbarie! A moins que… Comment dit-on? Se monter un film…
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