samedi 30 octobre 2010

Garde-fou


Se lever à 8h25. Se raser, repasser minutieusement sa chemise, cirer ses chaussures. Glisser ses clés dans la poche droite de sa veste. Prendre le métro à la station Porte-de-Bagnolet, changer à République, descendre à Porte-d'Italie. Acheter Le Monde, s'installer au Café de France, commander un expresso, parcourir les titres de une, jeter un œil à la rubrique International. Traverser la place, marcher quelques mètres sur le boulevard Vincent-Auriol. Franchir le seuil de la bibliothèque Italie à 11h. Aller au rayon «dictionnaires et usuels», prendre le volume 1 du Littré, s'asseoir à une table, ouvrir son cahier. Vérifier le dernier mot y figurant: CABASSEUR. Aller à la ligne. Inscrire le terme suivant et en recopier la définition:

CABELIAU (ka-bé-li-ô) s. m.Voy. Cabillaud
CABESTAN (ka-bè-stan) s. m. Treuil vertical qui se manœuvre au moyen de barres fixes et horizontales. «Virer le cabestan». Remarque: on a dit capestan. «Au milieu de la largeur du pont est le capestan ou cabestan», Et. Cleirac, termes de marine, 1643. Etymologie: espagn. cabrestante, cabestante; angl. capstan, capstern. Origine inconnue, à moins qu'on ne prenne l'espagnol pour le mot dont les autres seraient une corruption, et qu'on ne le décompose en cabra estante, chèvre dressée. On sait que chèvre est un terme de mécanique.
CABIAI (ka-bi-è) s. m. Rongeur de petite taille connu surtout à l'état domestique, dit aussi cobaye, cochon d'Inde.

Sortir de la salle de lecture à 13h. Revenir sur la place d'Italie, descendre l'avenue des Gobelins jusqu'à l'Entracte des Gobelins, s'attabler à la brasserie, consulter le menu, commander un steak-frites ou un tartare-pommes sautées accompagné d'une Carlsberg. Quitter le restaurant, remonter l'avenue des Gobelins. Retrouver sa table à la bibliothèque à 15h, recopier le mot suivant.

CABILLAUD ou CABLIAU (ka-bi-llô, ll mouillées ou ka-bli-ô) s. m. Nom donné dans les marchés à la morue fraîche. Historique: XVe s. «Que nuls ne reprouche à autres aucunes choses à l'occasion de cette guerre, ne parle dorenavant de houc [hameçon] ne de cabillau sur peine d'en estre puni», Du Cange, cabelgenses. Etymologie: wallon, cabiawe; namurois, cabouau; holl. kabeljaauw; dérivé, par renversement, de bacailaba, nom basque de la morue, d'où l'espagnol bacalao et le flamand bakkeljau.
CABILLET (ka-bi-llè, ll mouillées) s. m. Instrument dont le paumier se sert pour empêcher les raquettes de se déformer. Etymologie: diminutif de caville ou cheville.
CABILLOT (ka-bi-llo, ll mouillées) s. m. Terme de marine. Cheville de bois passée dans un boulon pour tenir la hune sur ses barres. Etymologie: diminutif de caville ou cheville.

Quitter la bibliothèque à 18h. Reprendre le métro à Place-d'Italie, changer à République, descendre Porte-de-Bagnolet. S'installer à la grande table du salon, ouvrir le cahier et vérifier soigneusement qu'il n'y a pas de fautes. Avaler un potage, un morceau de fromage et, selon la saison, une orange, une pomme ou une grappe de raisin. Se mettre au lit à 21h15.
Se lever à 8h25. Se raser, repasser minutieusement sa chemise, cirer ses chaussures. Glisser ses clés dans la poche droite de sa veste. Prendre le métro à la station Porte-de-Bagnolet, changer à République, descendre à Porte-d'Italie. Acheter Le Monde, s'installer au Café de France, commander un expresso, parcourir le journal. Traverser la place. Franchir le seuil de la bibliothèque Italie à 11h. Aller au rayon «dictionnaires et usuels», prendre le volume 1 du Littré, s'asseoir à une table, ouvrir son cahier. Vérifier le dernier mot y figurant: CABILLOT. Aller à la ligne. Inscrire le terme suivant et en recopier la définition:

CABINE (ka-bi-n') s. f. Terme de marine. Petite chambre à bord de certains bâtiments de commerce. Etymologie: autre forme de cabane.

CABINET

Quitter la bibliothèque à 18h. Reprendre le métro à Place-d'Italie, changer à République, descendre Porte-de-Bagnolet. Se mettre au lit à 21h15.
Un jour, il faudra fatalement tracer l'ultime ZYTHOGALE. Alors, anticiper, prévoir, organiser, planifier, programmer.

Dictionnaire universel par Antoine Furetière, édition de 1690.
Dictionnaire historique de l'ancien langage français par Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye, édition de 1875-1882.
Dictionnaire étymologique de la langue française par Gilles Ménage, édition de 1694.
Dictionnaire des arts et des sciences par Thomas Corneille, édition de 1695.

Ecarter l'imprévisible, le hasard, le contingent. Régenter le quotidien, museler, cadenasser, neutraliser.
Photo YLD
francois.gannaz.free.fr/Littre/


3 commentaires:

philippe a dit…

je suis bête surement mais j'ai pas compris si c'est bien toi qui a écrit ou bien la personne en lien en dessous...en tout cas j'aime ce va et vient entre les mots et le métro, quelque chose qui m'inspire en ce moment...

Depluloin a dit…

Oui... toute première réflexion (inattendue) : "La barbe, les femmes se rasent, on l'oublie trop souvent..."
Superbe texte! Ah le Furetière! ... tous ces dictionnaires et autres lexiques! Vous avez la corte orange? Renseignez-vous, c'est intéressant!

Yola Le Douarin a dit…

@Philippe C'est moi, mais j'ai emprunté la définition des mots sur le site de François Gannaz. Je rends donc à César, ce qui lui appartient…

@Depluloin Grâce à l'écriture, on peut être un homme tout en étant une femme, c'est quand même rudement bien! Et pour les transports, jamais sans mon Navigo. Merci d'être passé par chez moi.