samedi 19 mars 2011

Spleen


Comment est-ce arrivé? Il ne s'en souvient déjà plus. Est-ce survenu brusquement? Plutôt un lent empoisonnement. Le venin de l'ennui qui jour après jour paralyse l'esprit, anesthésie le corps et insensibilise l'âme. Lui qui était toujours partant, était de toutes les fêtes, de toutes les aventures s'est peu à peu détaché. Une grosse fatigue engendrant un état légèrement dépressif a diagnostiqué son médecin. Des vitamines, une bonne semaine de vacances, et il serait requinqué. Il n'est pas parti, il a déserté. Ses amis l'encombrent. Il a perdu le fil, ne se sent plus concerné. Il n'a pas eu besoin de renoncer, la vie s'est délitée, a reflué. Même Sonia l'importune, son amour l'embarrasse, sa tendre sollicitude lui pèse. «Tu es mon homme qui dort», lui reproche-t-elle patiemment. Par moments, mais presque plus, il aurait voulu lui être reconnaissant d'y croire encore sans pourtant rien espérer. «Tu ne veux que l'attente et l'oubli?» s'enquiert-elle d'une voix embuée de tristesse. Pauvre Sonia! Il ne veut plus rien. Il laisse aller, s'englue dans l'hébétude de sa conscience, s'enlise dans la torpeur de ses sentiments. Ne plus bouger, ne plus penser, ne plus aimer, juste se dissoudre dans l'amour de Sonia avant qu'elle ne disparaisse de son champ de vision. Il n'attend pas, il s'évanouit, s'efface insensiblement, s'abolit dans son rêve à elle qui ne rêve plus.
Photo: FLD

3 commentaires:

Philippe a dit…

et ben? c'est le printemps ou bien?

Yola Le Douarin a dit…

@Philippe: ou bien l'air ambiant…

Viv a dit…

Waou ! Trop vraisemblable.
Il est terrible ce texte... Touchée !