Je m'ennuie. Ce n'est pas ça qui était convenu. Les massages, les bains de boue et les douches aromatiques, les modelages raffermissants devaient se limiter à la matinée, nous laissant du temps libre pour des balades en amoureux. Les soins ont rapidement empiété sur le début de l'après-midi, puis ont occupé la journée entière. Chaque jour, elle s'abandonne à des mains expertes, à des hommes de l'art, qui la rendent détendue, rayonnante, épanouie. Je m'ennuie, je tourne en rond, je ressasse ma déception. Une petite séance de relaxation vous ferait le plus grand bien, a ironisé le masseur à qui je décochais un regard assassin alors que, une fois encore, il la kidnappait.
Allongé dans un caisson d'isolation sensorielle, j'essaie de noyer mes idées noires dans les harmonies célestes que déversent les haut-parleurs. Je m'efforce de suivre la voix séraphique qui cherche à me guider vers le bien-être. Sur un profond soupir, vous fermez les yeux. Vous pénétrez dans une forêt accueillante. Vos pieds s'enfoncent dans un épais tapis de mousse moelleuse. Je me demande comment elle est. Une rousse à la poitrine généreuse? Vous humez les senteurs fleuries, vous vous laissez bercer par le bruissement du feuillage et le ruissellement d'une source. Une lumière rouge se diffuse dans vos jambes jusqu'à votre ventre, puis… Une blonde à la bouche gourmande? Vous libérez vos émotions dans tout votre corps. Une brune aux fesses avenantes? Contrôlez votre respiration, inspirez en douceur, expirez calmement. Le ton s'est durci. Lâchez prise. Faites le vide, expulsez de votre esprit ce qui vous agite, vous trouble. Gros seins, lèvres pulpeuses, joli cul. Volcanique. Incendiaire.
La musique s'est tue. La lumière s'est éteinte. Impossible de sortir de là, le couvercle est verrouillé. Ne luttez pas. Vous devez vous immerger dans la quiétude et l'harmonie, m'enjoint une voix dominatrice. Cuir, latex et vinyle. Il fait froid. Je frappe les parois avec mes pieds et mes poings. L'air se raréfie. Vous devez apprécier pleinement notre méthode, adhérer, consentir, m'ordonne ma tortionnaire. Ça ne m'amuse plus. Je grelotte, je suffoque. J'entonne un chant compulsif et subversif. A tue-tête. Quand le caisson s'ouvre enfin, je me rue, nu, dans les couloirs du centre de thalasso en hurlant RESISTANCE.
Photo: installation de François Cosson, YLDAllongé dans un caisson d'isolation sensorielle, j'essaie de noyer mes idées noires dans les harmonies célestes que déversent les haut-parleurs. Je m'efforce de suivre la voix séraphique qui cherche à me guider vers le bien-être. Sur un profond soupir, vous fermez les yeux. Vous pénétrez dans une forêt accueillante. Vos pieds s'enfoncent dans un épais tapis de mousse moelleuse. Je me demande comment elle est. Une rousse à la poitrine généreuse? Vous humez les senteurs fleuries, vous vous laissez bercer par le bruissement du feuillage et le ruissellement d'une source. Une lumière rouge se diffuse dans vos jambes jusqu'à votre ventre, puis… Une blonde à la bouche gourmande? Vous libérez vos émotions dans tout votre corps. Une brune aux fesses avenantes? Contrôlez votre respiration, inspirez en douceur, expirez calmement. Le ton s'est durci. Lâchez prise. Faites le vide, expulsez de votre esprit ce qui vous agite, vous trouble. Gros seins, lèvres pulpeuses, joli cul. Volcanique. Incendiaire.
La musique s'est tue. La lumière s'est éteinte. Impossible de sortir de là, le couvercle est verrouillé. Ne luttez pas. Vous devez vous immerger dans la quiétude et l'harmonie, m'enjoint une voix dominatrice. Cuir, latex et vinyle. Il fait froid. Je frappe les parois avec mes pieds et mes poings. L'air se raréfie. Vous devez apprécier pleinement notre méthode, adhérer, consentir, m'ordonne ma tortionnaire. Ça ne m'amuse plus. Je grelotte, je suffoque. J'entonne un chant compulsif et subversif. A tue-tête. Quand le caisson s'ouvre enfin, je me rue, nu, dans les couloirs du centre de thalasso en hurlant RESISTANCE.
8 commentaires:
sadique !
@Fernand: allez, allez, on se relaxe, on ouvre le diaphragme,zen…
Toute résistance est vaine... (laisser faire)
@HP: «Il n'est rien qui ne s'arrange par la pratique du non-agir», selon Lao Tseu, mais ça demande beaucoup d'entraînement!
Bon texte, Yola, hypnotique et sensuel. Poursuivons la cure.
@Nicolaï: merci docteur!
Oh que ça me parle ! Tous les excès sont mauvais. Même les excès de soi-disant bonnes choses. Et c'est dur de lutter contre ce qui est censé nous être bénéfique. Je hurle avec lui : résistance ! :-)
@Viv: l'essentiel, c'est de garder la capacité de résister.
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