dimanche 18 octobre 2009

Desiderata


Dire que c'est votre péché mignon ne donnerait pas l'exacte mesure de la situation. Parler d'addiction serait peut-être excessif. En vérité, vous êtes absolument incapable d'y résister. Vous vous rendez à la première offensive. Une tarte au citron meringuée vous transporte dans le jardin des délices. Vous succombez. Un fondant au chocolat noir vous fait atteindre le nirvana. Vous défaillez. Quant à ces rabat-joie qui vous serinent que la gourmandise, un des sept péchés capitaux, vous condamne au feu de la géhenne, sans espoir de rémission, n'ont-elles donc jamais savouré le fruit défendu?
Et voilà que vous êtes punie par où vous avez fauté. Une idée assassine attrapée en surfant comme on chope un mauvais rhume sème le trouble dans votre esprit, ne vous laisse aucun répit, vous assaille, vous tourmente, vous ronge. La cause semblait pourtant entendue. Si vous plaidiez coupable, c'était d'une simple peccadille, rien de peccamineux. Hum! N'est-ce pas là tenter le diable? Sentant vaciller vos certitudes, vous convoquez les grands penseurs, hédonistes et autres épicuriens. Il y aura bien parmi tous ces sages un conducteur d'âmes, un cicérone qui vous ramènera sur les rivages du plaisir. Qu'importe s'il vous faut braver l'immensité tumultueuse du «ou bien… ou bien», rudoyer la dialectique du désir, escalader le versant abrupt de l'impératif catégorique, vous embarquez pour Cythère.

Photo YLD
http://vimeo.com/5239013

Aucun commentaire: