vendredi 21 août 2015

Ça se voit à son sourire

Belle? Aimée? En tout cas, regardée, dévisagée, contemplée. Des milliers et des milliers d'hommes, de femmes de tous âges se pressent devant moi, se bousculant pour m'approcher, m'observent, me détaillent. Beaucoup capturent mon image. Je ne m'en soucie pas. Certains font mine de bien me connaître.
Elle se trouve probablement dans une loggia: on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l'amorce de la base renflée d'une colonne sur la gauche. À l'arrière plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détachent un chemin sinueux et une rivière qu'enjambe un pont de pierre. Elle est habillée d’une robe sévère très sombre, plissée sur le devant du buste, dont les fils d'or brodés forment des entrelacs. Le décolleté dégage le cou et la poitrine jusqu'à la naissance des seins. Elle n'arbore aucun bijou. Une écharpe descend de son épaule gauche et les manches jaunes de son vêtement forment des plis nombreux sur ses avant-bras. Elle porte un voile sur ses cheveux défaits.
Tous essaient de me percer à jour.
Une femme assise sur un fauteuil de forme semi-circulaire seine Hände sind gekreuzt, auf einem Stuhl Arm ruht her bust facing right ヘッドほとんど顔 sido överblick su rostro se sitúa en un paisaje con horizontes lejanos y nebuloso. Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, mais toujours revient ce sfumato, dont vous me gratifiez, d'un ton tantôt docte ou admiratif, tantôt déconcerté ou embarrassé. Je m'amuse de votre perplexité.
Mon regard, qui vous fixe impudemment où que vous soyez, vous intrigue. Mon sourire énigmatique, fugace, ambigu, vous fascine. Vous me voyez heureuse, triste, indifférente, hautaine. Mystérieuse. Vous m'avez voulue connectée? Vous voici mon songe virtuel, mon rêve numérique. 
Jean-Jacques Lapoirie, photo: YLD 
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