samedi 3 janvier 2015

Apocryphe


Pécheresse, femme adultère. Prostituée. Voilà ce qu'ils ont fait croire. Pas adultère. Adultération. J'étais sa compagne, sa disciple, épouse aimante, femme aimée. Nous voulions nous libérer des mensonges mercantiles qui nous asservissaient. Nous dénoncions leurs discours fallacieux, rejetions leur toute-puissance obscène, leur morale inconvenante. Chasser du temple les prévaricateurs, les spéculateurs. Nous n'étions pas très nombreux. Plus pour longtemps, pensions-nous. Bientôt…
Je vous maudis renégats, parjures!
Sa compagne, son apôtre. Aimante. Aimée. Pas une prostituée repentie. Sa complice, sa fidèle. Son amante. Toujours à ses côtés. Meurtrie, mais consentante, puisqu'il le fallait, puisqu'il le voulait, lorsqu'il lui demanda, à lui son meilleur ami, ce funeste baiser. Marchand dans ses pas quand ils le condamnèrent. L'accompagnant jusque dans sa souffrance exaspérée.
Espérant une ultime étreinte. Noli me tangere. Je ne t'ai pas retenu.

Sur mon lit, au long de la nuit, je cherche celui que j'aime. Je le cherche mais ne le rencontre pas. Il faut que je me lève et que je fasse le tour de la ville; dans les rues et les places que je cherche celui que j'aime. Je le cherche mais ne le rencontre pas. 

Tu m'avais délivrée des démons qui me tourmentaient. Égarée, je me suis peut-être sans doute abandonnée à nouveau à eux. N'attendez pas que je me repentisse, vous qui avez fait de lui –lui, mon glaive, ma flamme ardente–, vous qui avez fait de lui le fils de.
J'ai beaucoup aimé. Me pardonneras-tu toi que j'ai tant de fois crucifié sur mon corps impie?
Je te cherche mais ne te rencontre pas.
 Photo: YLD, sculpture J.-J. Lapoirie

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